Instagram s’affirme comme un moyen efficace pour un étudiant en école d’art de se faire connaître. Le concours artistique Art Students Week s’est déroulé du 5 au 11 avril 2021. La 6e édition récompense Marin Martinie, étudiant à l’école du Fresnoy. Quatre autres talents ont été distingués : Geoffroy Chouan, Emmanuel Aziseh, Sofia Salazar et Raphaëlle Chaigneaud-Dupuy.
« Grâce au Prix Art Students Week, j’ai pu exposer à l’Ecole des Filles en Bretagne, sur une invitation de la galeriste Françoise Livinec, j’ai même vendu deux photographies« , témoignait Leah Desmousseaux, diplômée de l’école des beaux-arts de Nantes, lauréate en 2018. En 2021, c’est Marin Martinie qui s’est distingué par son coup de crayon vif et une charge d’humour qui a séduit le jury présidé par Pierre Giner, pionnier en art numérique.
En formation au Fresnoy studio national des arts contemporains à Tourcoing (Nord), Marin Martinie, 27 ans, mène un travail de recherche autour des personnages cultes du cartoon. « Bugs Bunny, son corps et ses doublures, des années 1930 aux années 2010 » est le thème de sa thèse au CEAC de l’université de Lille. Ce qui l’intéresse, ce sont les contrefaçons critiques. « Instagram se prête à l’expression de foliotage animé. La plateforme permet de montrer des micro-formes, des détails qui fonctionnent comme dans une case de bande dessinée », explique ce surdoué du dessin, ancien diplômé de l’école Estienne en 2014 et de l’École nationale supérieure des Arts Déco en 2018 – section animation.
« Stories en série, filtres en réalité augmentée, cases animées… la 6e édition de Art Students Week a livré un florilège d’identités de formes. La maturité du médium a permis de faire émerger les caractères d’une expression narrative imagée nouvelle », commente Alexia Guggémos, organisatrice de l’événement et convaincue qu’Instagram est une porte d’entrée dans l’univers d’un artiste et un moyen pour un jeune diplômé de gagner en visibilité. La plateforme socialecompte en effet aujourd’hui 21 millions d’abonnés en France dont 69% des utilisateurs ont entre 15 et 24 ans. L’édition 2021 était soutenue par l’Association Internationale des Critiques d’art, la Maison des artistes, Campus Fonderie de l’Image, et aussi Tribew Edition qui va permettre à Marin Martinie de bénéficier d’une première grande publication, et la coopérative DALBE qui offre au grand gagnant ainsi qu’aux quatre autres lauréats des bons d’achat pour continuer à peindre, coller et dessiner.
« Chaque caractère typographique que j’ai imaginé sur Instagram est décomposé en un triptyque », explique Geoffroy Chouan, en master de design graphique au Campus Fonderie de l’Image à Bagnolet (Seine-Saint-Denis) et qui a quant à lui reçu un prix « coup de cœur » du jury. Sur son mur Instagram, à droite, le caractère finalisé, au centre, le caractère animé, et à gauche, toute la démarche créative. Ainsi, le « feed » a été découpé en marges, à l’instar d’un cahier d’expérimentation et de recherche.
Peintures, collages, installations… Toutes les disciplines en arts plastiques trouvent leur place dans le palmarès 2021. C’est le cas des trois autres gagnants « coup de cœur » qui ont révélé des univers et des pratiques très variées. La peinture, avec Emmanuel Aziseh, grand coloriste, Camerounais de 27 ans installé à Marseille depuis 2017 ; le collage avec les paysages d’inspiration surréaliste de Raphaëlle Chaigneaud-Dupuy ; et enfin, la mise en espace, avec Sofia José Salazar Rosales, qui travaille sur le rapport affectif aux objets. « Je fais beaucoup de stories dans lesquelles je filme le travail en cours »,déclare l’étudiante en 3e année à l’Ecole des Beaux-Arts de Lyon, née en Equateur, et pour qui Instagram participe de son processus de création.