Hommage à Ben : « On me comprendra après ma mort »

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Le monde de l’art perd une voix singulière avec la disparition de Ben Vautier, artiste, provocateur, et philosophe de l’existentiel, qui s’est éteint en 2024 à l’âge de 88 ans. Son œuvre, empreinte d’irrévérence, de questionnement et de poésie, a marqué plusieurs générations, transcendant les époques et les genres.

Né en 1935 à Naples, Ben, comme il aimait être appelé, a grandi entre divers pays avant de s’établir à Nice, où il a laissé une empreinte indélébile. C’est là qu’il a ouvert sa célèbre boutique, véritable laboratoire artistique, et qu’il a participé activement au mouvement Fluxus, redéfinissant ce que pouvait être l’art.

Un art de l’idée

Ben était surtout connu pour ses écritures, des phrases percutantes inscrites sur des tableaux, des murs ou des objets, qui interpellaient, dérangeaient et faisaient réfléchir. Des maximes comme « Tout est art » ou « L’art est inutile » questionnaient sans cesse la définition même de l’art et son rapport au spectateur.

Son approche ne se limitait pas à l’esthétique. Pour Ben, l’art devait être une manière de vivre, de penser, et surtout de provoquer. Il ne craignait ni la controverse, ni l’inconfort. Il s’emparait de tout ce qui l’entourait — idées, objets, mots — pour en faire matière artistique. Chaque œuvre devenait une invitation à regarder le monde autrement.

L’artiste total

Ben ne se contentait pas de produire des œuvres, il était une œuvre à lui tout seul. Performeur, penseur, écrivain, il a exploré tous les champs de la création avec une curiosité insatiable. Ses engagements artistiques, souvent teintés d’humour et d’autodérision, ont fait de lui une figure incontournable de l’art contemporain.

Au-delà de ses écrits célèbres, Ben était un collectionneur d’idées. Il aimait documenter les mouvements artistiques, les classer, les interpréter, parfois avec un esprit critique acéré. Sa quête de vérité, toujours teintée d’une certaine anarchie, l’a rendu unique dans un monde où les codes sont souvent rigides.

Tableaux-écritures

« Le monde change », « Fermer les yeux », « Tous egos »… des titres évocateurs qui reprennent ce que Ben a écrit sur ses tableaux, de cette écriture blanche sur fond noir qui a fait sa célébrité, comme écrit à la craie sur un tableau d’écolier. Ben appelle ses petites toiles des « tableaux-écritures ». Il explique : « C’est le sens qui compte et non pas le graphisme, la toile est là pour dire une vérité : les vérités objectives « ce tableau pèse 2 kg » ou les vérités subjectives « je suis inquiet ».

Un héritage vivant

La disparition de Ben Vautier laisse un vide dans le paysage artistique, mais son héritage reste vibrant. Ses œuvres, présentes dans les plus grandes collections, continueront à interpeller, à faire sourire, et à pousser à la réflexion. Plus qu’un artiste, il était un éclaireur, rappelant à chacun que la liberté est au cœur de toute création.

Ben disait : « On me comprendra après ma mort. » Peut-être. Mais aujourd’hui, alors que nous célébrons sa vie et son œuvre, il est évident que son art et sa pensée resteront une source d’inspiration durable. Ben Vautier, vous nous quittez, mais vos mots, vos idées, et votre esprit provocateur continuent de vivre en nous.

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