Jeu de Paume : Le monde selon l’IA

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L’IA comme outil créatif : révolution ou continuité ? Le Jeu de Paume à Paris présente une exposition qui explore les liens entre intelligence artificielle et l’art. Un événement très attendu, du 11 avril au 21 septembre 2025.

Depuis l’avènement de l’intelligence artificielle (IA), les domaines de la création artistique ont été profondément transformés. L’exposition « Le Monde selon l’IA » au Jeu de Paume (2025) illustre cette révolution en montrant comment l’IA redéfinit les processus créatifs. De la photographie à la sculpture, en passant par la littérature et le cinéma, les artistes adoptent ces technologies pour repousser les frontières de l’art. Le mariage entre créativité humaine et calcul algorithmique pose cependant de nombreuses questions, notamment sur la place de l’humain dans l’art.

Générer, transformer et collaborer : le rôle de l’IA

L’IA génère des œuvres qui défient les notions traditionnelles d’auteur et d’originalité. L’œuvre « Faces of ImageNet » de Trevor Paglen, exposée au Jeu de Paume, dévoile comment les systèmes de reconnaissance faciale réduisent la diversité humaine à des catégories simplifiées. Par ailleurs, Hito Steyerl explore comment l’IA transforme la perception visuelle en outils de contrôle. Ces exemples montrent que l’IA ne se contente pas de produire des images ou des textes : elle engage un dialogue critique sur nos sociétés.

Une esthétique algorithmique et la réinvention des récits

Avec l’IA, une nouvelle esthétique émerge, mêlant les logiques computationnelles à l’intuition artistique. Grégory Chatonsky, par exemple, utilise des modèles génératifs pour créer des récits alternatifs, comblant les lacunes de l’histoire officielle. En littérature, des auteurs explorent l’IA comme outil d’écriture collaborative, produisant des poèmes ou des alphabets inédits. Ces créations hybrides redéfinissent notre rapport aux images et aux mots, tout en questionnant l’objectivité des algorithmes.

L’IA et la démocratisation de la création

L’intelligence artificielle démocratise l’accès à la création artistique en fournissant des outils puissants et accessibles. Des logiciels permettent aujourd’hui à des amateurs de produire des œuvres complexes, auparavant réservées aux professionnels. Cependant, l’œuvre Meta Office d’Agnieszka Kurant rappelle que cette démocratisation s’appuie sur des « travailleurs du clic », souvent sous-rémunérés, qui entraînent les algorithmes. Ce contraste soulève des questions sur l’éthique de cette accessibilité.

Limites et défis éthiques

L’intégration de l’IA dans l’art soulève plusieurs enjeux éthiques. Qui est l’auteur d’une œuvre générée par une machine ? Quels biais s’insinuent dans les créations alimentées par des données partielles ? Par exemple, l’œuvre Calculating Empires de Kate Crawford et Vladan Joler cartographie les impacts matériels et environnementaux des technologies numériques, rappelant que l’IA est loin d’être « dématérialisée ». Ce regard critique est essentiel pour repenser les implications de l’IA dans le monde de l’art.

Une nouvelle frontière de la création

L’intelligence artificielle transforme profondément le paysage artistique à l’instar de cet avion qui prend son envol signé de Gwenola Wagon. Si elle ouvre des perspectives inédites et enrichit les récits visuels et textuels, elle pose aussi des défis majeurs en matière d’éthique et de durabilité. Les œuvres présentées au Jeu de Paume illustrent à la fois l’immense potentiel créatif et les dilemmes sociaux liés à ces technologies. Entre fascination et scepticisme, l’IA impose une réflexion collective sur la place de la technologie dans nos processus artistiques et culturels.

Photo : Gwenola Wagon, « Chroniques du soleil noir », 2023
Œuvre réalisée avec le soutien du Hangar Y, en partenariat avec l’Observatoire de Paris-PSL © Gwenola Wagon

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