Anne-Catherine Becker-Echivard : Puisqu’on vous dit qu’il n’y a plus de poissons !

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Merlans, mulets, maquereaux… La photographe Anne-Catherine Becker-Echivard porte un regard ironique sur notre monde en mettant en scène des poissons morts. Avec une étonnante minutie des décors, elle crée des saynètes montrant ses petits personnages dans des situations quotidiennes difficiles : chirurgiens au chevet d’une moule, taulards dans une cour de prison enneigée, ouvriers travaillant à la chaîne, manifestation à la Criée… Rencontre avec cette illustratrice de la comédie humaine au regard tendre et ironique.

Photographe de formation, vous avez fait des poissons que vous pêchiez dans votre enfance, de véritables complices et modèles…
Dès le début, j’ai mis mes poissons en scène dans des décors. Mes premiers décors étaient des maisons de poupées achetées toutes faites. Je ne pouvais donc que représenter des moments de la vie courante. Mes personnages étaient nus. Mon admiration pour Charlie Chaplin a énormément influencé mon travail. Sans doute ai-je voulu lui rendre hommage en intitulant ma première oeuvre, puis ma première exposition, puis finalement la série des usines « Les Temps Modernes ». Pour ces travaux, j’ai commencé à construire mes maquettes, à habiller mes acteurs, à développer une action… L’idée du travail à la chaine s’est imposée naturellement.

Votre travail serait-il en train d’évoluer vers le graphisme ou la bande dessinée ?
Parallèlement, je travaille sur des photographies style BD. Il peut sembler que je stylise, que je m’oriente vers le graphisme. En fait, la préparation de la scène est la même : maquette, éclairage, habillement…. Seul change l’angle de prise de vue, un angle plus « dynamique », un peu comme dans un reportage. De plus, au lieu d’avoir toute une histoire dans une photo, comme dans les Temps Modernes, je découpe mon histoire en séquences successives, comme dans la BD. Enfin, ma photo prise, je lui fais subir un traitement de filtre. Ce travail n’est pas encore abouti, je réfléchis encore sur la présentation de cette série.

Pourquoi vous êtes-vous installée à Berlin ? Pensez-vous que la capitale allemande est au cœur de la scène artistique ?
Je suis revenue à Berlin en 2009, ville que j’avais quittée à 25 ans, car la vie à Paris était trop bruyante, trop trépidante, trop stressante et trop chère. Berlin n’est pas une ville très belle, mais elle est large, verte, jeune et dynamique. Il s’y passe toujours quelque chose mais à la portée de tous. On fait du vélo, du bateau, on se baigne dans les lacs…C’est une ville où je me sens bien. J’y ai installé mon studio-photo et je compte bien rester ici. Berlin n’est pas la ville de la création, du moins pas encore. Il y a ici beaucoup d’artiste de toutes nationalités, non seulement à cause du calme, de l’histoire, mais aussi parce que les codes sociaux sont moins voyants et les loyers abordables.

https://www.acbe.studio/

1 COMMENTAIRE

  1. Je ne vois pas bien ce qu’il y aurait de drôle dans la souffrance des poissons. Bien sûr qu’il y a encore des poissons, mais ils sont pour beaucoup voués à une mort atroce dans les filets de pêche ou sur le pont des bâteaux. Les poissons ne sont pas du matériel mais des animaux (doté d’un système nerveux !), êtres sensibles à la peur, la panique, la souffrance…
    La moindre des choses serait que l’on interdise la pratique meurtrière de la pêche (d’autant plus que le poisson, en tant qu’aliment, n’est absolument pas nécessaire à notre santé), au lieu de donner des millions d’euros (pour les encourager !) à ceux qui gagnent de l’argent en faisant mourir des animaux dans les pires souffrances. Tout cela est d’une absurdité qui me dépasse.
    Plus de détails sur la réalité de la pêche et ce qu’elle implique pour les poissons dans cette excellente brochure :
    http://tahin-party.org/dunayer.html

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