L’expérience des enchères au service des foires : Carly Murphy rejoint Art Basel

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Art Basel a choisi une figure aguerrie du marché secondaire pour consolider son rôle dans un contexte de contraction mondiale des ventes d’art. L’Irlandaise Carly Murphy (né en 1987), forte de plus de 20 ans passés chez Sotheby’s puis Christie’s, a été nommée en octobre 2025 Global Head of Collector and Institutional Relations de Art Basel. Elle hérite d’une mission stratégique : renforcer les liens avec les collectionneurs privés, les musées et les fondations, alors que les ventes aux enchères ont plongé de 25 % en 2024 et que le haut de gamme vacille.

Art Basel, qui multiplie les initiatives – ouverture annoncée en février 2026 d’une foire au Qatar, création de prix maison, soutien accru aux galeries intermédiaires – cherche à élargir sa base et à redonner confiance. Dans cette recomposition, Carly Murphy apparaît comme une passeuse : capable d’apporter aux foires la rigueur stratégique des maisons de vente et de réinsuffler l’énergie relationnelle dont le marché de l’art a besoin pour se réinventer.

Le rapport Art Basel / UBS 2025 fournit une photographie claire :
– Volume de ventes global : ~ 57,5 milliards USD en 2024, en recul de 12 % par rapport à 2023 Art Basel+1
– Le nombre de transactions a augmenté de 3 %, à environ 40,5 millions d’œuvres Art Basel
– Baisse de 6 % pour les ventes par les galeries, et de 25 % pour les ventes aux enchères publiques Art Basel+1
– Le segment des œuvres > 10 millions USD a vu un effondrement des ventes : –39 % en nombre selon le rapport (ce qui plombe fortement le chiffre d’affaires global) Art Basel+1
– Répartition géographique : les États-Unis demeurent 1er marché (43 % des ventes), le Royaume-Uni revendique 18 %, la Chine glisse à 15 % Art Basel

La baisse du haut de gamme rend les stratégies de diversification vitales. L’édition 2025 d’Art Basel n’est pas une révolution bouleversante, mais un moment d’ajustement stratégique, une tentative de redéfinir la foire dans un contexte où les anciens paradigmes du marché ne suffisent plus. Les chiffres (–12 % global, mais +3 % de volume) imposent une remise à plat : l’avenir de l’art passe moins par la spéculation extrême que par l’élargissement, la relation durable, et la valeur symbolique.

Dans ce cadre, la nomination de Carly Murphy est un signal que le rôle clé n’est plus uniquement transactionnel, mais relationnel. Qu’elle réussisse ou non, le moment est critique. Si elle parvient à faire le lien entre collectionneurs “premium” et les nouveaux publics, entre foires et institutions, entre Bâle et Doha, elle pourrait incarner une voie de relance crédible. Reste à savoir si ces dispositifs porteront.

https://www.artbasel.com/