La redécouverte éclatante du « Banquet des Lapithes » de Laurent de La Hyre

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L’histoire de l’art aime les résurrections inattendues. Celle-ci a de quoi marquer les esprits : un grand tableau de Laurent de La Hyre (1606-1656), Le banquet des Lapithes, a refait surface après près de quatre siècles d’oubli. Accroché depuis le XIXe siècle dans l’escalier du château de Villebourgeon en Sologne, il n’avait jamais été identifié comme l’œuvre d’un des maîtres du classicisme français. Il est présenté aux enchères le 15 novembre 2025 à l’Hôtel des ventes Orléans Madeleine.

Un chef-d’œuvre du classicisme français retrouvé

Réalisée vers 1624-1628, alors que Laurent de La Hyre n’avait pas 20 ans, la toile monumentale (2,04 x 2,70 m) illustre un épisode des Métamorphoses d’Ovide : la bataille entre Centaures et Lapithes, déclenchée lors des noces du roi Pirithoos. Le peintre transpose cette violence mythologique dans un décor d’architecture fastueuse, où l’ivresse et la brutalité s’opposent à la mesure et à la civilisation.

Ce choix iconographique rapproche l’artiste de Poussin, qui traite un sujet similaire dans Le Triomphe de Bacchus (1624-1625), mais s’en distingue par une dimension plus théâtrale et une architecture qui organise l’espace de manière monumentale. Loin du simple exercice d’atelier, le tableau manifeste déjà une réflexion sur la mise en scène du pouvoir, un thème central de la peinture française des années 1620-1630. Il est également tentant aussi de rapprocher Laurent de La Hyre des expériences de Simon Vouet, revenu de Rome en 1627, dont l’influence allait bouleverser la scène parisienne. Mais là où Vouet amplifie l’emphase baroque, La Hyre recherche déjà une clarté de construction et une sobriété expressive qui annoncent la voie classique française, aux côtés de Poussin et Le Sueur.

Une pièce manquante du corpus de Laurent de La Hyre

Mentionné dans l’inventaire après le décès du peintre en 1657, le tableau avait disparu des radars jusqu’à cette redécouverte. Pour les historiens, il comble une lacune dans l’œuvre du jeune La Hyre, aux côtés de La Tuile et Adonis mort, avec son chien (1620), conservés au Louvre. Il témoigne d’une période charnière, entre les réminiscences maniéristes de Fontainebleau et l’émergence du baroque parisien.

Par sa taille monumentale et sa qualité d’exécution, Le banquet des Lapithes de Laurent de La Hyre a d’emblée la stature d’une œuvre de musée. La vente aux enchères d’Orléans du 15 novembre présente également une centaine d’œuvres flamandes et françaises issues du même château.

Contacts :
Hôtel des Ventes Madeleine, 64, rue du Faubourg Madeleine 45045 Orléans contact@hdvmadeleine.fr
Vente en live sur Interencheres et Drouot
Expert : Cabinet Turquin & Associés – 69, rue Sainte Anne 75002 Paris