Bronzes royaux d’Angkor, chefs-d’œuvre d’un art sacré au musée Guimet

Le musée Guimet à Paris rend hommage à un pan méconnu de l’art khmer avec l’exposition « Angkor Royal Bronzes ». Une immersion spectaculaire dans l’histoire du bronze sacré cambodgien, à travers plus de 240 œuvres, dont 126 prêts exceptionnels du Musée national du Cambodge. En vedette : le Vishnou couché du Mébon occidental, chef-d’œuvre monumental restauré en 2024 en France et exposé pour la première fois dans son intégralité. Jusqu’au 8 septembre.

Si les temples d’Angkor fascinent depuis longtemps par leurs architectures et leurs sourires de pierre, on oublie souvent que ces sanctuaires abritaient aussi des statues de divinités en or, en argent et surtout en bronze doré. L’exposition du musée Guimet met en lumière cet art oublié, fruit d’un savoir-faire sacré réservé aux ateliers royaux depuis le IXe siècle. « Le bronze khmer, c’est une alchimie entre spiritualité et pouvoir royal. À Angkor comme à Oudong ou Phnom Penh, seule la cour pouvait en commander la fonte », explique Brice Vincent, maître de conférences à l’École française d’Extrême-Orient, co-commissaire de l’exposition.

Une pièce majeure : le Vishnou du Mébon occidental

Découverte en 1936 dans un temple du XIe siècle, cette statue colossale — plus de 5 mètres à l’origine — représente Vishnou allongé. Grâce à un partenariat international (Guimet, C2RMF, EFEO, ALIPH), le chef d’oeuvre khmer a bénéficié en 2024 d’une restauration méticuleuse. Pour la première fois, elle est présentée avec ses fragments réunis, dans un dispositif muséographique conçu pour rendre sa puissance intacte. À ses côtés, des centaines d’autres pièces illustrent l’évolution de cet art du métal, depuis la protohistoire jusqu’au XXe siècle : statues, brûle-parfums, éléments architecturaux, dessins d’explorateurs, photographies, moulages…

« Cette exposition fait émerger un autre récit d’Angkor, plus intime, où l’art sacré devient témoin de la permanence du sacré dans le politique », souligne Chhay Visoth, directeur du Musée national du Cambodge. Une exposition à portée diplomatique et scientifique : Cet événement s’inscrit en effet dans une coopération culturelle d’envergure entre le Cambodge et la France. Il s’accompagne d’une tournée aux États-Unis (Minneapolis, Washington, San Francisco), consacrant le rayonnement international de ces trésors retrouvés.

Informations pratiques
Exposition : Bronzes royaux d’Angkor : Un art du divin
Lieu : Musée Guimet, Paris
Dates : 30 avril – 8 septembre 2025
Commissaires : Pierre Baptiste (Guimet), David Bourgarit (C2RMF), Brice Vincent (EFEO), Thierry Zéphir (Guimet)
Catalogue coédité Guimet/ éditions In Fine, 304 pages, 270 illustrations