Le château de Fontainebleau ouvre une nouvelle fois ses portes et ses allées à l’art contemporain. La deuxième édition de la Biennale est placée sous le signe de « l’esprit de la forêt ». Jusqu’au 21 septembre 2025.
Sur les 130 hectares du Domaine national du château de Fontainebleau, 40 œuvres de 26 artistes jalonnent un parcours poétique allant des jardins du château aux lisières de la forêt. une attention particulière portée à la faune imaginaire et aux mythologies sylvestres, mais aussi par un dialogue fertile entre patrimoine, botanique et art contemporain.
Classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, cette demeure royale fut l’une des préférées de François Ier, Henri IV et Napoléon Ier. Les souverains y venaient non seulement pour chasser mais aussi pour observer, inventorier et transformer le paysage. La forêt de Fontainebleau, qui s’étend aujourd’hui sur plus de 25 000 hectares, fut l’un des premiers terrains d’expérimentation forestière en France. Dès le XVIIe siècle, les rois, puis les ingénieurs des Eaux et Forêts, y menèrent des politiques de reboisement et d’entretien systématique. Le lien entre art, science et nature s’y tissa très tôt.
Au XIXe siècle, sous Napoléon III, le château connut une nouvelle phase d’embellissement. L’époque était marquée par une fascination pour l’exotisme et l’acclimatation des espèces étrangères. Des serres et jardins furent installés, accueillant des plantes rares venues d’Asie, d’Afrique et d’Amérique du Sud. L’exotisme végétal rejoignait alors l’exotisme animal, popularisé par l’arrivée des premières girafes offertes en cadeau diplomatique à la France.
L’une d’elles, la fameuse « Zarafa », offerte en 1827 par le pacha d’Égypte à Charles X, fit sensation en traversant la France avant d’arriver au Jardin des Plantes. L’apparition des girafes de Marina Le Gall au château, deux siècles plus tard, fait donc écho à cette histoire, entre merveille zoologique et curiosité savante. La Biennale 2025 ne se contente pas de poser des œuvres dans un décor prestigieux : elle réactive des histoires oubliées.
En levant les yeux, le visiteur sera surpris par la silhouette élégante de girafes de cinq mètres, dressées devant le quartier historique des Héronnières. Réalisées à partir de troncs et de branches issus du parc, combinés à la faïence et au grès, ces sculptures évoquent à la fois la puissance de la nature et la fragilité d’un écosystème façonné par la main humaine.
Née en Bretagne en 1986, Marina Le Gall a étudié aux Beaux-Arts de Paris dans l’atelier de Philippe Cognée et s’est formée à la céramique auprès de Claude Dumas, ancien assistant de Giuseppe Penone. Cette double filiation nourrit une pratique où le monde végétal et animal occupe une place centrale. Les peintures de l’artiste représentée par la galerie Françoise Livinec explorent les plantes et les arbres dans des cadrages serrés, proches de l’hyperréalisme, tandis que ses céramiques révèlent une volonté de garder « le lien avec le travail des mains », de conserver la trace du geste artisanal.
Prometteuse, elle l’est à plus d’un titre : elle fédère des institutions, engage artistes et scientifiques dans un dialogue fécond, et ouvre au grand public de nouvelles perspectives sur la nature et la création. Fontainebleau confirme ainsi son rôle de laboratoire artistique et paysager, un lieu où la mémoire et l’avenir s’entrelacent.
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