Art Basel Paris 2025 : les influenceurs mode redessinent le visage du public de l’art

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L’automne parisien 2025 a deux visages. Celui, institutionnel et calibré, d’Art Basel Paris, la foire d’art contemporain installée sous la verrière du Grand Palais. Et celui, multiple, de la Paris Art Week, constellation d’événements, de galeries et d’initiatives indépendantes. Analyse du duo médiatique.

Sur les réseaux sociaux, la bataille est claire : selon l’étude comparative de l’Observatoire Social Média menée sur le mois d’octobre, Paris Art Week a généré 16,9 k mentions contre 7,4 k pour Art Basel Paris, mais le taux d’engagement et la portée médiatique penchent en faveur de la foire : 959,4 k interactions pour Art Basel, contre 224,7 k pour la Paris Art Week. Le reach potentiel explose : 14 milliards pour Art Basel Paris contre 1,3 milliard pour Paris Art Week. Ces chiffres traduisent une réalité simple : Art Basel Paris parle moins, mais la foire parle fort. Son public est hyperconnecté, globalisé et dominé par l’univers du luxe et de la mode. La foire, plus que jamais, s’impose comme un événement culturel qui fascine les jeunes générations par son esthétique, son aura et sa présence sur Instagram.

L’art en version Instagram : le règne de la mode

Louis Vuitton arrive en tête des comptes influents, avec 167,8 millions de reach et 447,3 k engagements. Viennent ensuite Art Basel (87 k engagements) et des figures montantes comme les influenceuses Léna Mahfouf (lenamahfouf), ou encore Afiyabennett. Elles incarnent une nouvelle génération d’ambassadrices : hybrides, entre marketing de mode, storytelling personnel et culture visuelle de l’instant. Leur langage est celui du vlog, du selfie maîtrisé, du “GRWM” (“get ready with me”) et de la narration intime sur fond de marques de luxe. Leurs publications créent un effet d’aspiration : elles transforment la foire d’art en expérience lifestyle, où la frontière entre art, couture et culture visuelle se brouille. L’analyse des influenceurs montre aussi l’importance des grandes maisons : Louis Vuitton, Chopard, Chaumet, Ralph Lauren, Givenchy. Elles utilisent la foire comme un théâtre d’expression : vitrines éphémères, soirées privées, happenings photographiés. La présence de Louis Vuitton en tête des mentions (55,9 millions de reach par post) prouve à quel point la mode et l’art s’imbriquent désormais dans une même économie de visibilité.

Une génération 18-24 ans séduite par l’expérience visuelle

L’analyse des interactions montre que la majorité du trafic social provient des 18-24 ans, un public habitué aux codes de TikTok et Instagram : verticalité, réactivité, authenticité. Pour cette génération, aller à Art Basel Paris, c’est faire partie d’un moment, plus que d’un marché. Les hashtags liés à #ArtBaselParis et #ParisArtWeek traduisent une logique d’expérience : #outfitoftheday, #artlover, #louisvuittonshow, #afterparty, #fireworksparis.
Le buzz final du feu d’artifice de clôture au Centre Pompidou, le 22 octobre, immortalisé par le compte @viewsfrance, dont le post a cumulé plus de 30 k interactions, a marqué les esprits. Cette vidéo, largement partagée, concentre ce que cette génération attend : du spectacle, du partage, de l’instantanéité. La légende « La fin d’un monde, le début d’un autre » a résonné comme un manifeste esthétique : l’art comme moment viral, pas comme contemplation silencieuse. Intitulée Le Dernier Carnaval, cette performance de 20 minutes signée Cai Guo-Qiang a investi la façade du bâtiment. Conçu avec l’aide de son intelligence artificielle personnelle, CAI™, le projet mêle traditions chinoises et technologies contemporaines pour interroger la place du regard non humain dans l’histoire de l’art.

Paris Art Week : un autre tempo, un autre ton

Si Art Basel Paris domine en puissance médiatique, la Paris Art Week a séduit par sa diversité. Son audience, plus locale et plus communautaire, a participé activement aux événements satellites : ouvertures de galeries, parcours nocturnes, visites commentées. Le sentiment positif y a été plus marqué : 66,3 % de tonalité positive contre 42 % pour Art Basel Paris. L’expérience y est vécue comme un plaisir partagé, non comme une performance sociale. Les prédictions de croissance (+6 k résultats prévus) indiquent que ce format plus collaboratif pourrait s’imposer à moyen terme.