Tous Léger ! Un Nouveau Réalisme augmenté autour de Fernand Léger

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Fernand Léger La Baigneuse 1932 Huile sur toile 97,2 x 130,6 cm Musée national Fernand Léger, Biot © GrandPalaisRmn / G
Fernand Léger La Baigneuse 1932 Huile sur toile 97,2 x 130,6 cm Musée national Fernand Léger, Biot © GrandPalaisRmn / G

Couleurs éclatantes, formes en mouvement, visages-objets : l’exposition « Tous Léger », au Musée du Luxembourg à Paris met en lumière l’influence profonde de Fernand Léger sur le mouvement des Nouveaux Réalistes et son écho jusqu’à Keith Haring ou encore Ben. Ce dialogue artistique, initié par une approche commune du réel, révèle une filière d’expérimentation plastique qui, du XXe siècle à aujourd’hui, continue d’irriguer la création contemporaine. Jusqu’au 20 juillet 2025

« J’ai voulu détruire l’impressionnisme, faire un art solide comme du fer, clair et net, sans bavures », affirmait Léger. Dès les années 1920, Fernand Léger pose les bases d’une nouvelle appréhension du réel : il ne s’agit plus de reproduire le monde fidèlement, mais d’en capter l’énergie, la matière et les rythmes. La ville moderne, ses machines et sa cadence deviennent ses sujets de prédilection, traités par des formes simplifiées et des couleurs franches qui vibrent sur la toile. Quarante ans plus tard, le critique Pierre Restany, admirateur de Léger, reprend cette idée du « Nouveau Réalisme » en fondant un mouvement artistique qui réunit Arman, Yves Klein, Niki de Saint Phalle, Raymond Hains et bien d’autres. Ici, le réel ne se peint plus seulement, il s’intègre à l’œuvre : accumulations d’objets usuels, empreintes, performances in situ. Ce rapport au monde, direct et matériel, prolonge l’intuition de Léger en la radicalisant. « Nous prenons le monde tel qu’il est », disait Pierre Restany, soulignant cette approche brute et sans artifice. L’exposition « Tous Léger » met en scène toutes ces filiations à travers un parcours thématique réussi qui fait dialoguer près d’une centaine d’œuvres. La scénographie, confiée au duo d’architectes et designers Adrien Gardère et Pauline Marchetti, propose un parcours où les aplats de couleur et les percées en tension magnifient les correspondances plastiques.

« Mes dessins ne tentent pas d’imiter la vie, ils créent la vie, ils l’inventent. » Keith Haring

« Keith Haring s’inscrit à son tour dans cette lignée », explique Anne Dopffer, directrice des musées nationaux du XXe siècle des Alpes-Maritimes et commissaire générale de l’exposition. Dans les années 1980, les formes dynamiques de l’Américain, ses personnages bondissant et ses couleurs saturées résonnent avec la peinture de Léger. Mais plus encore, son approche de l’art urbain, accessible à tous, prolonge cette idée d’une esthétique populaire et immédiate, ancrée dans son époque. « L’art est pour tout le monde. C’est la seule chose que nous ayons en commun », affirmait Haring qui, dans son atelier new-yorkais, avait accroché un dessin… de Léger !

Figure incontournable du mouvement Fluxus, Ben a développé un art de geste et d’attitude liant l’art à la vie. Il a consigné ses idées et opinions dans des écritures à la calligraphie caractéristique. Cette boîte transparente en plexiglas datée de 1985 et intitulée Si l’art est partout, il est aussi dans cette boîte, qui surgit dans l’avant dernière salle de l’exposition, illustre parfaitement le concept de « tout est art » cher aux Nouveaux Réalistes. L’objet illustre ainsi les mots de Léger pour qui la typographie joue également un rôle plastique important : « Il n’y a pas le beau, catalogué, hiérarchisé, disait-il. Le Beau est partout, dans l’ordre d’une batterie de casseroles sur le mur blanc d’une cuisine, aussi bien que dans un musée. »

> Réservations museeduluxembourg.fr

Photo de couverture : Fernand Léger La Baigneuse 1932 Huile sur toile 97,2 x 130,6 cm Musée national Fernand Léger, Biot © GrandPalaisRmn / Gérard Blot © Adagp, Paris, 2025