La performance s’intitule La Mue, elle est signée de Benjamin Begey. Celle qui fait découvrir cet artiste franco-suisse en 2019 au Musée des Beaux-Arts de Bordeaux. C’est un récit de bruissement de plumes blanches, toutes identiques, qui habillent l’homme. Et lui, l’homme, il se réjouit et court avec sa cape, son casque intégral de plumes… et de liège.
Parce que ce dont se vêt l’artiste performeur Benjamin Begey, alias Billgraben, c’est de volants de badminton usagés. Ceux qui sont frappés de smatches à 400 km heure par les badistes les plus extraordinaires du globe. Et qui, en quelques secondes ne volent plus assez rapidement pour une raquette de compétition. Lui, Billgraben, il recueille ses plumes délaissées. Il les recompose et crée de nouvelles espèces vivantes : végétales, animales et humaines, pour en faire des costumes, mandala et bouquets oniriques. Un hommage à la douceur blanche.
Benjamin Begey, né en 1979, vit et travaille à Bordeaux. Il multiplie les jeux avec le volant, ce petit objet de 5 grammes qui procure des tonnes d’émotions. Scénographe, décorateur, expert enFeng Shui, il expose depuis 2012 sans discontinuer. Installations, vidéo, danse contemporaine, performances, championnats internationaux de badminton. Benjamin Begey donne vie aux cordes de volants de petites plumes raides qu’il fait glisser et onduler
devant nos yeux au ras du sol.
Plus surprenant encore, il décore les pelouses de ces serpents interminables. Il se photographie. Son corps nu. Celui de son acolyte. Les arbres sont ornés de ces plantes parasites. Les murs et les sols sont recouverts de ces lianes blanches. Une œuvre sensorielle, puissante et unique.
Isabelle Haumont