A l’occasion du salon Moderne Art Fair 2025 (ex Art Elysées), installé place de la Concorde à Paris, la galeriste Véronique Smagghe a mis la couleur en tension. Au centre du stand, un morceau de palissage et une affiche arrachée de Raymond Hains, Bleu dans le rouge, dialoguent avec une série de toiles de Noël Pasquier. Ensemble, elles composent une méditation sur le bleu : une couleur devenue matière de pensée, et vibration. Du 23 au 26 octobre.

« L’accrochage est né de télescopages inattendus », confie Véronique Smagghe qui a toujours défendu cette poétique du réel : une approche de l’art moderne où le signe, la trace et la couleur sont chargés de mémoire. Depuis près de 30 ans, elle tisse un lien constant entre les Nouveaux Réalistes et les peintres de l’abstraction lyrique. Elle voit dans cette filiation un dialogue discret, une manière de relier la matérialité du monde et la profondeur du geste pictural. C’est ce fil qu’elle prolonge en 2025 à Moderne Art Fair, en plaçant côte à côte Hains et Pasquier, deux artistes qui n’ont jamais cessé de faire vibrer le bleu autrement. Son accrochage, pensé comme une respiration, cherche moins à juxtaposer qu’à accorder. Elle parle d’une conversation chromatique, d’une correspondance silencieuse entre deux formes de liberté.


« Le bleu ne vient jamais seul : il prend sens dans la présence des autres couleurs. » Michel Pastoureau
Moderne Art Fair place justement le dialogue entre héritage et création au centre de sa programmation. Installée en 2025 place de la Concorde, la foire réunit près de 50 galeries, dans un espace repensé pour la fluidité du parcours et la clarté du regard. C’est dans cette atmosphère d’équilibre entre modernité et mémoire que la galerie Smagghe s’inscrit avec naturel. Son approche curatoriale, soutenue par la commissaire et critique d’art Véronique Grangé-Spahis, s’accorde à la philosophie de la foire : un art moderne qui reste vivant dans ses prolongements contemporains.
Véronique Smagghe revendique une fidélité : celle à la scène française d’après-guerre, aux artistes qui ont su inventer une autre manière de voir. Depuis 1990, elle défend des figures qui partagent une même tension entre matière et signe : Raymond Hains, Jacques Villeglé, François Dufrêne, mais aussi Pierrette Bloch, Arthur Aeschbacher, Noël Pasquier, Judith Wolfe. Ce sont des artistes du lien, du fragment, du souffle. Elle dit souvent qu’elle cherche la part de poésie dans la rigueur. Elle croit que l’art n’a pas à séduire, mais à faire écho. Ce qu’elle montre à Moderne Art Fair, c’est justement cela : une manière d’être au monde à travers la couleur. Le bleu devient ici langage commun, pont entre deux démarches qui ne s’étaient jamais rencontrées mais se répondent intuitivement.













