Chez Guerlain, dans l’exposition collective « En plein cœur », Françoise Pétrovitch présente un tableau où deux adolescents s’enlacent, suspendus dans un moment d’intimité fragile. Sur une nuée rose, légèrement troublée de vert et de bleu, deux figures se tiennent. L’un, les yeux clos, s’abandonne à l’autre qui, tête levée, regarde le spectateur. Ce face-à-face silencieux met en scène une tension affective centrale : celle d’un amour naissant, à la fois tendre et inquiet. À découvrir, jusqu’au 16 novembre 2025.
« C’est un amour dont on ne sait pas s’il va durer, mais qu’on voudrait tenir », confie Françoise Pétrovitch. Son œuvre explore cette frontière entre la fusion et la séparation, entre le désir de se fondre et la peur de disparaître. « Je peins ce moment où l’on est deux, mais aussi encore un peu seul à l’intérieur de soi. Elle, lui, peu importe », glisse l’artiste.
« C’est un amour qui se cherche encore, incertain, mais déjà plein de promesses. »
Le tableau évoque ce que l’artiste appelle un « paysage intérieur commun », où les émotions des deux figures se rejoignent. L’arrière-plan, uniformément clair, se confond avec les visages et les vêtements : rien ne tranche, tout s’enlace. La gamme chromatique descendue, dominée par les blancs et les teintes pastel, efface les contrastes. L’effet recherché : une continuité, une douceur diffuse, comme si la lumière elle-même participait à cette fusion. Ce choix plastique traduit une émotion contenue, oscillant entre fragilité et persistance, une forme visuelle de l’attachement.
« Je ne veux pas de contraste dramatique, mais une lumière qui relie. »
Dans l’esprit de l’exposition collective « En plein cœur », chaque œuvre dialogue avec un parfum. Françoise Pétrovitch a collaboré avec le nez Delphine Jelk pour créer une fragrance inspirée de sa toile. Ensemble, elles ont cherché une correspondance entre émotion et sillage, entre douceur et durée. « Je voulais une odeur fraîche, mais qui tienne », raconte l’artiste. Le parfum créé est non genré, situé “entre deux”, à l’image de cette tendresse adolescente. Les notes d’agrumes se mêlent à un fond de cuir léger : un équilibre entre l’éphémère et le durable, « comme un amour qui tient ».
Dans le parcours imaginé par les commissaires Hervé Mikaeloff et Benoît Baume, cette toile réalisée en 2025 s’inscrit parmi les « premiers émois amoureux ». Elle fait écho à la vocation de l’exposition : célébrer les fragrances de l’amour dans tous ses états, entre fragilité intime et intensité universelle. Chez Françoise Pétrovitch, l’amour n’a pas de genre ni de certitude. Il est cette expérience en suspens, ce moment où le regard de l’autre devient un miroir. Dans sa peinture, comme dans le parfum qui l’accompagne, tout est question de durée sensible : « un souffle tenu, un battement de cœur », dit-elle, l’amour en plein cœur.
> le site de l’artiste www.francoisepetrovitch.com













