« Les enfants russes ne sourient jamais ! » avait déclaré à la fin des années 1940 la romancière américaine Ayn Rand (1905-1982), reprenant une idée partagée à l’époque par la majorité du peuple américain. Pour lutter contre cette idée reçue, qui gênait alors ses plans, le président américain Franklin Roosevelt donna l’ordre à Hollywood de tourner… un film de propagande en faveur des Soviétiques ! C’était en 1944, l’heure de la grande -et brève- réconciliation avec les Rouges, jadis infréquentables, sur fond d’alliance commune contre l’Allemagne nazie. Et c’est ce film, « Song of Russia », produit par la Metro Goldwyn Mayer (MGM) avec rien moins que Robert Taylor en vedette, qu’un jeune peintre russe vient de revisiter. Chaque toile, en noir et blanc, est une reproduction fidèle d’une dizaine de scènes du film, marquées du célèbre sceau de la MGM, comme ces petites Russes souriantes qui étaient en fait… de jeunes actrices américaines. Une façon pour l’artiste de dénoncer l’absurdité de l’Histoire, puisque quelques années plus tard le maccarthisme faisait rage aux Etats-Unis : la MGM dénonçait sans vergogne les acteurs pro soviétiques, criant haro sur tout ce qui était communisme ou qui pouvait y ressembler !
Arrivé à New York en 1990, Yevgeniy Fiks, aujourd’hui âgé de 36 ans, a été frappé par le poids de l’anti-communisme, toujours très présent selon lui. « En Russie, nous avons tourné la page », témoigne t-il. « Ce n’est pas le cas de l’autre côté de l’Atlantique où une certaine méfiance règne. J’ai voulu montrer l’absurdité de cette diabolisation archaïque, et combien les Américains avaient pu penser tout le contraire à un moment de leur histoire ». Un travail qui lui a donc fait dénicher cette perle peu connue qui pourrait figurer au Panthéon des oeuvres de propagande.
> Exposition de Yevgeniy Fiks, galerie Blue Square, 14, rue Debelleyme 75003 Paris, jusqu’au 21 février.
Malcom Morley est déjà passé par là, ou Gérard Gasiorowski, et en mieux.
Bonjour,
Puisque Ayn Rand en France est peu connue : elle est née en Russie au début du 20eme siècle. Elle a durant ses 20 premières années assisté à la destruction de la liberté individuel par la révolution russe de 1917, elle a vécu ça. Elle le raconte dans son premier roman, » Nous les vivants « . Quand elle dit : Les enfants russes ne sourient jamais, ce n’est pas juste dire, elle le sait/
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