Ce que révèle l’exposition Keep Smiling!, à l’institut suédois à Paris, c’est que l’historien de l’art, Pontus Hultén, ne se contentait pas de diriger des institutions ou d’inventer des expositions-événements : il construisait aussi un univers visuel. Chaque visuel faisait partie intégrante de son projet. Loin d’être de simples supports de communication, ces imprimés devenaient des prolongements de sa pensée curatoriale. Jusqu’au 21 septembre 2025
À l’Institut suédois, le visiteur découvre une centaine de pièces qui montrent combien Pontus Hultén utilisait l’imprimé comme un champ d’expérimentation. Le choix des papiers, des encres, des typographies, des formats, n’était jamais neutre. Un catalogue pouvait être vendu à un prix dérisoire pour atteindre un nouveau public, une affiche pouvait jouer sur l’humour ou la provocation pour briser les codes. L’objet graphique devenait une arme de démocratisation.
Pontus Hultén ne dessinait pas lui-même, mais il s’entourait toujours de graphistes et d’artistes avec lesquels il formait des équipes soudées : John Melin & Anders Österlin (M&Ö), Hubert Johansson, Gösta Svensson, Roman Cieślewicz… Tous participaient à faire de l’identité visuelle du Moderna Museet, puis du Centre Pompidou, un espace de recherche autant qu’un lieu d’art. L’exposition met en valeur cette énergie collaborative, où le commissaire est chef d’orchestre plutôt que créateur solitaire.
Keep Smiling! arrive à un moment où le design graphique est enfin reconnu comme une composante essentielle de l’histoire de l’art et des musées. Ce qui, dans les années 1960–1970, paraissait marginal, apparaît aujourd’hui comme une part fondatrice de l’identité muséale contemporaine. En révélant les archives de Pontus Hultén, Stina Gromark montre que sa vision n’était pas seulement curatoriale mais globale : l’art devait toucher le plus grand nombre, et l’imprimé était un vecteur décisif de cette ambition.