Le Musée du sourire acquiert un Murakami acheté sur eBay

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Acheter un Murakami sur eBay… Oui, mais en version mini-mini! Qui n’a jamais rêvé de posséder une œuvre de Takashi Murakami, le pape du néo-pop japonais, figure de proue de l’art contemporain, chouchou des galeries internationales et des maisons de luxe ? L’homme qui a réussi à faire collaborer un crâne de cristal fluo avec Vuitton. Eh bien moi, j’ai réussi. Pour le Musée du sourire. Sur eBay. Pour 40 euros.

La « sculpture » en question ne mesure que 7 centimètres de haut, et pèse à peine plus lourd qu’un bonbon au caramel. Mais elle est bien là, trônant fièrement sur mon bureau entre une agrafeuse et une figurine de Totoro. Il y a une semaine donc, je tombe sur une annonce eBay : * »Murakami Figure – rare edition with certificate »*. Intriguée, je clique. Sur les photos, la silhouette me semble familière. Les yeux globuleux, le sourire carnassier, les couleurs criardes : pas de doute, c’est bien l’univers de Murakami, cet inclassable qui mixe manga, art traditionnel japonais, kitsch assumé et marketing façon Super Mario.

Petit rappel : né en 1963 à Tokyo, Murakami a d’abord étudié le Nihon-ga, un style de peinture un peu coincé entre le raffinement de l’époque Edo et les injonctions de modernité post-Meiji. Mais très vite, il crée sa propre voie : en 1993, il donne naissance à DOB, un personnage mi-peluche, mi-mutant sous acide, dont les oreilles forment les lettres de son nom. Une sorte de Mickey LSD version post-Hiroshima. Culte.

Revenons à eBay. Le colis arrive. Petit paquet mais grande émotion. Sur le papier d’emballage, bingo : je reconnais les contours familiers de DOB. Frénésie. J’ouvre fébrilement les quatre petits sachets : une jambe, un bras, le buste, le socle. Chaque pièce est emballée comme si elle avait traversé l’océan dans un cercueil hermétique. Mention spéciale à la bague en mousse autour des jambes, plus protectrice qu’un bodyguard. Et là, le Graal : le certificat d’authenticité. « Edition n°14 983 ». Oui, bon, on est loin de la pièce unique. Mais qui a dit que l’art devait être rare pour être aimé ? Miss Ko — c’est son nom — est là, campée sur son socle en plastique moulé, le bras levé dans un geste mi-accueillant mi-menace de ninja.

6 Commentaires

  1. Joli coup. Chapeau !
    En même temps, 14 000 exemplaires environ de cette petite sculpture post-pop à la sauce asiat’, ça ne contribue point à sa rareté, et donc à sa cherté sur le long terme. Si c’est pas indiscret – et ça l’est de toute évidence ! -, vous l’avez achetée combien ?
    Récemment, j’ai vu un dessin (pas terrible) de Tinguely circuler sur eBay.

  2. S’il s’agit d’une « affaire », je vous conseillerais d’en proposer la vente à Me CORNETTE DE SAINT CYR qui se chargera de faire grimper l’enchère comme il sait si bien faire. (Je le crois capable de vendre une savonnette au prix du lingot d’or!)
    Si de surcroît vous pouvez bénéficier de Christie’s Matignon pour abriter la vente, ce serait complet car vous joueriez en plus de la bénédiction de Pinault.
    Mais sachez qu’il y aura des pots de vin gourmands, donc tenez compte de cette donnée dans vos exigences financières.

  3. J’ai plein de personnage que je préfère, les Bioman ; Goldorack, Chevaliers du zodiaque, mes préférés, avec leurs chaines, casques, armures….et bien sure Dragon Ball Z et ses amis dont dieu lui même.

  4. J’ai dans ma collection d’oeuvres (très) personnelles la petite culotte rose translucide de Scarlett Johansson dans ‘Lost in Translation’.

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