Il était une fois… au jardin : l’imaginaire en floraison à Chaumont-sur-Loire

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À Chaumont-sur-Loire, le végétal devient langage et le jardin, une narration à ciel ouvert. Pour sa 33e édition, le Festival International des Jardins invite le visiteur à entrer dans le monde des contes. Mais avant même la floraison, ce sont les dessins des projets — plans, croquis, esquisses — qui émerveillent. À l’instar de l’architecture, la conception paysagère affirme ici toute sa dimension plastique et poétique. Jusqu’au 2 novembre.

Chaque jardin naît d’un dessin. D’un trait pensé, senti, projeté. Lignes sinueuses, aplats de couleurs, textures aquarellées : les documents préparatoires que le Domaine de Chaumont-sur-Loire a réunis témoignent d’un imaginaire foisonnant et d’une précision graphique saisissante. Ces dessins ne sont pas de simples outils de travail. Ce sont des œuvres à part entière. Ils condensent l’intuition, l’émotion, la structure.

Certains croquis évoquent les planches naturalistes du XIXe siècle, d’autres empruntent aux codes de la BD, du collage ou de l’illustration contemporaine. Le projet Fantastico Pinocchio déroule par exemple le fil rouge du conte à travers une cartographie graphique qui oscille entre topographie symbolique et carnet d’enfance. L’Épopée du Haricot Magique joue sur les échelles et la verticalité en évoquant des perspectives de gravures botaniques fantastiques.

Derrière chaque plan, un regard d’artiste : que ce soit Blanca Li, dont le jardin s’inspire des jeux d’eau de l’Alhambra, ou Cassian Schmidt, paysagiste allemand passé maître dans l’art de composer des communautés végétales dynamiques. Leurs dessins, parfois réalisés à plusieurs mains avec scénographes ou illustrateurs, reflètent une culture de projet qui conjugue rigueur écologique, fantaisie narrative et beauté formelle.

Parmi les coups de cœur de cette édition :

  • Blanca Li, chorégraphe et directrice de La Villette, transpose l’univers des contes orientaux en un jardin théâtral aux jeux d’eau et de lumière, inspiré de l’Alhambra.
  • Cassian Schmidt et Bettina Jaugstetter, figures du “nouveau style allemand”, proposent un jardin évolutif, miroir du processus de succession végétale.
  • L’Île de la Félicité revisite le conte de Madame d’Aulnoy avec une réflexion contemporaine sur le bonheur et la sobriété, entre rideaux flottants et plantes nourricières.
  • Barochories, d’Antoine de Lavalette, raconte une fable botanique sur le don et la transmission, à travers une scénographie onirique.

Le Festival de Chaumont n’est pas seulement une promenade sensorielle. C’est aussi une exposition de dessins d’auteur. Comme en architecture, ces documents mériteraient leur propre accrochage. À une époque où les rendus 3D dominent, le geste dessiné rappelle que le jardin commence toujours par une vision, une main, un papier.

> Domaine de Chaumont-sur-Loire