Portrait de William Wegman en chien et en os

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Quand Max Mara habille les chiens de William Wegman… Connaissez-vous cette image familière paru en 2010 dans un hebdomadaire français ? un braque de Weimar au port altier, drapé dans un manteau camel impeccable. Une photo signée William Wegman, immédiatement reconnaissable à l’élégance stoïque de son modèle canin. Pourtant, aucun crédit. Pas même une mention du nom de l’artiste. La photo était reléguée au rang de simple illustration pour un article intitulé « Manteau en majesté », retraçant l’histoire de Max Mara.

C’est oublier un peu vite que cette image de 2001, intitulée Max Mara Dog 109, est issue d’une commande bien réelle de la marque italienne. Fascinée par l’univers visuel décalé de Wegman, Max Mara l’avait sollicité pour « glamouriser » sa campagne publicitaire à travers une série de clichés d’une ironie feutrée. Les lecteurs auraient mérité de savoir qu’ils avaient sous les yeux bien plus qu’un visuel anonyme : une œuvre d’artiste, drôle, sensible, et critique.

William Wegman, né en 1943 à Holyoke (Massachusetts), commence à travailler avec ses chiens dans les années 1970. D’abord Man Ray — hommage appuyé à la photographie conceptuelle —, puis Fay Ray, et toute une lignée de braques de Weimar qui deviendront ses compagnons de création. Sous son objectif, ces chiens prennent la pose dans des postures humaines, parfois déguisés, parfois nus, toujours empreints d’un certain spleen burlesque. Wegman joue des références culturelles : des philosophes de dos à la Friedrich aux compositions plus pop et absurdes, il crée une œuvre à la frontière du comique et du mélancolique. Son travail photographique a fait le tour du monde, exposé notamment au MoMA, au Centre Pompidou ou encore à la National Gallery à Londres.

Et la peinture, dans tout ça ? Ce que l’on sait moins, c’est que William Wegman est aussi un peintre formé à la California State University et à l’University of Illinois. Ces dernières années, il s’est éloigné de la photographie pour revenir à la peinture, jouant avec des supports vintage, comme d’anciennes cartes postales ou des manuels scolaires recyclés. Il y mêle collages, textes et motifs abstraits dans une veine moins immédiatement séduisante, mais toujours ironique. En 2018, le Domaine de Kerguéhennec dans le Morbihan lui consacrait une exposition — l’une des rares en France à présenter l’ensemble de son travail, au-delà des chiens en manteau. Un peu comme Alain Séchas lorsqu’il s’éloigne de ses chats, Wegman surprend en sortant de sa zone de confort. Mais on se prend à regretter ces chiens qui, mieux que n’importe quel miroir, captent nos vanités, nos postures, nos solitudes.

William Wegman continue de créer depuis son atelier de Chelsea à New York. Il partage régulièrement ses œuvres — anciennes et nouvelles — sur Instagram, où il est suivi par plus de 300 000 abonnés. En 2024, plusieurs galeries américaines lui ont consacré des expositions rétrospectives, notamment Sperone Westwater à New York. Il continue aussi à publier, comme le très réussi Being Human (Chronicle Books), où l’on retrouve toute la richesse de son approche anthropo-canine. Une manière de nous rappeler que l’art, parfois, commence là où le regard s’attarde — même sur quatre pattes.

> Plus d’infos sur www.williamwegman.com

4 Commentaires

  1. Quand j’ai vu ça j’ai tout de suite pensé au chien du clip « Da Funk » de Daft Punk, qui a inspiré l’autre ? Ou peut être ont-ils eu le même maître ? (c’est le cas de le dire hihi)

  2. C’est vraiment excellent, oui cet article est tout bonnement excellent, particulièrement pour les débutants. Pardon pour les fautes éventuelles, n’étant pas francophone, j’ai utilisé Google Translate. Paola 🙂

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