L’exposition « Aérosol » au Musée des Beaux-Arts de Rennes qui se tient jusqu’au 22 septembre 2024 s’affirme comme une célébration de la créativité dans l’art urbain dans les années 80, offrant une perspective unique sur une forme d’art qui a longtemps été marginalisée, mais qui, aujourd’hui, gagne en légitimité. À l’unanimité, les visiteurs saluent la diversité et la qualité des œuvres exposées.
« Tous les week-ends, on entrait dans les catacombes via une plaque d’égout rue des Feuillantines, près du Panthéon. Il fallait descendre par une échelle, arpenter des petits couloirs, et se faufiler », se souvient l’artiste Blitz. C’était au début des années 80, Blitz n’est pas encore majeur, il manie aussi bien le spray que le crayon. Les soirées hip-hop et les battles de danse sont en plein essor. Des lieux emblématiques comme le Bataclan et le Glaz’art accueillent des événements où les danseurs de breakdance, les DJs peuvent s’exprimer librement. Inspirée par la culture naissante à New York, la scène parisienne a rapidement adopté et adapté cette effervescence artistique.
Des graffitis colorés et audacieux ont commencé à apparaître sur les murs, les trains et les espaces publics, transformant la ville en une toile géante. Des artistes comme Blitz, Blek Le rat ou Futura 2000 ont été parmi les pionniers du graffiti à Paris, apportant leur propre style. « C’est incroyable !, témoigne Jean-Baptiste Pontecorvo, alias Blitz, ému face à une palissade qu’il a tagguée en 1985 devant le musée du Louvre, soit il y a près de 40 ans. En effet, sa Grande roue des Tuileries avait été conservée toutes ces années par un couple de collectionneurs, Sylvie et Pierre-Jean Trombetta, au beau milieu de leur salon.
Le Musée des beaux-arts de Nancy accueillera l’exposition « Aérosol » au printemps 2025, notamment le volet portant sur l’émergence du graffiti des années 1960 aux années 1980, avec un nombre important de prêts d’œuvres du MUCEM à Marseille. La question de la patrimonialisation du graffiti dans les collections muséales est désormais posée.