« Le Génie gourmand » : quand la cuisine invente le progrès

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Les inventions culinaires ont souvent servi de tremplin aux grandes avancées industrielles. L’histoire de ces trouvailles, précieusement conservées à l’Institut national de la propriété industrielle (INPI), révèle une France inventive, où la table et l’atelier dialoguent depuis plus de deux siècles.

C’est tout l’enjeu du merveilleux livre Le Génie gourmand, publié en 2024 par l’INPI aux éditions Gründ : un voyage dans les archives des brevets liés à l’alimentation, de 1791 à nos jours. Ces dossiers, près de trois millions au total, renferment une myriade de croquis, plans et aquarelles d’inventeurs passionnés, de véritables œuvres d’art techniques et poétiques.

Saviez-vous que la cocotte-minute doit son existence aux recherches sur la machine à vapeur ? Que les premiers procédés de réfrigération ont révolutionné autant les laboratoires de chimie que les garde-manger ? Ou encore que la boîte de conserve, née de l’ingéniosité de Nicolas Appert en 1823, a transformé en profondeur l’économie domestique ? On découvre dans le livre Ferdinand Carré, qui en 1857 imagine des procédés pour « produire du froid à l’aide d’ammoniac », ou Casimir-Joseph Ledru de Béthune, qui rêve en 1825 d’un appareil universel capable de préparer un repas complet sur un même fourneau : pot-au-feu, rôti, café, punch et crèmes compris. L’esprit du progrès souffle dans chaque plan, chaque trait, avec l’enthousiasme d’une époque fascinée par la vapeur et la mécanisation.

« La découverte d’un mets nouveau fait plus pour le genre humain que la découverte d’une étoile » – Brillat-Savarin (1755-1826), Psychologie du goût

Ces inventeurs, parfois artisans, parfois physiciens, ne sont pas de doux rêveurs coupés du monde. Leurs idées traduisent les besoins et les aspirations d’une société en pleine mutation : rationaliser, économiser, nourrir mieux. L’alimentation devient ainsi un terrain d’expérimentation où se croisent science, art et industrie. Le Génie gourmand invite à redécouvrir ce patrimoine culinaire sous un angle inattendu : celui de la création technique. En feuilletant ces brevets, véritables trésors graphiques, on mesure combien la cuisine a été, bien avant les laboratoires, un moteur du progrès.

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