Triolet-Aragon : 30 ans d’art et de poésie à Saint-Arnoult-en-Yvelines

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Parmi les rosiers et les sculptures du parc, on danse, on chante, on peint : la Maison Elsa Triolet – Louis Aragon fête ses 30 ans d’ouverture au public. Lieu de création, de transmission et de lutte, elle incarne, plus que jamais, la vitalité des arts et la puissance de la parole libre. L’artiste Lionel Sabatté est mis à l’honneur à cette occasion, jusqu’au 31 août 2025.

François Abelanet, MOT (2021)

Le testament d’un couple d’écrivains devenait réalité en 1995 : faire de leur maison un lieu ouvert, vivant, où l’on viendrait lire, penser, créer. À Saint-Arnoult-en-Yvelines, pour l’anniversaire de la Maison Elsa Triolet – Louis Aragon, danse, musique et arts visuels se sont emparés du domaine, sous le regard d’un public nombreux. Dans le jardin des sculptures, les corps des danseurs du Théâtre du Corps Pietragalla-Derouault ont dialogué avec les arbres et les bronzes. À l’intérieur, l’exposition du plasticien Lionel Sabatté a offert un contrepoint sensible à l’histoire du lieu.

Avec l’exposition “Présences”, Lionel Sabatté explore les formes fragiles et organiques de la vie. Empreintes, métamorphoses, figures animales ou minérales surgissent de matériaux insolites : poussières, peaux mortes, oxydes. Cette matière du rebut devient, sous ses doigts, une poésie du vivant. Une manière d’habiter le lieu sans l’écraser, en résonance discrète avec l’engagement humaniste et poétique du couple Triolet-Aragon. Le parcours, déployé dans les pièces de la maison, dialogue finement avec les traces du passé, soulignant la porosité entre mémoire et création.

« Ce qu’on écrit, c’est pour remplir le silence,
pas pour le faire taire. »
Elsa Triolet

Le parc de sculptures prolonge cette expérience d’un art vivant et accessible. Une vingtaine d’œuvres contemporaines jalonnent les allées : acier, pierre, bois, matières composites… Chaque sculpture entre en résonance avec le paysage, le mouvement des arbres, la lumière changeante. Ce musée à ciel ouvert incarne une idée généreuse de l’art, sorti des musées pour se mêler à la vie. On y flâne entre poésie et matière, dans un dialogue silencieux entre les œuvres et la nature. Un lieu rare, où l’art se respire autant qu’il se regarde.

Ici, l’art n’est pas décoratif. Il est mémoire, pensée, résistance. La maison, rouverte en 2025 après de longs mois de fermeture causés par les inondations de l’automne précédent, réaffirme sa triple vocation : transmettre l’œuvre d’Elsa Triolet et Louis Aragon, accueillir chercheurs et étudiants, et soutenir la création contemporaine. Tout autour, les sculptures témoignent d’un héritage artistique autant que politique. Celui d’un couple engagé, qui plaça sa vie et son art au service de l’émancipation. Militants, écrivains, résistants, communistes – Elsa et Louis reposent ici, dans ce jardin qu’ils ont aimé. Leur présence silencieuse continue de veiller sur un lieu qui ne cède ni à la nostalgie, ni au repli

Accès au site maison-triolet-aragon.com/