Rencontres d’Arles : une exposition en hommage à Louis Stettner, photographe américain amoureux de la France

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Portrait en gros plan de Louis Stettner, en noir et blanc, pris en 2007 par Janet Iffland-Stettner.
Portrait de Louis Stettner © Janet Iffland-Stettner (2007)

L’exposition Le Monde de Louis Stettner se tient du 7 juillet au 5 octobre 2025 aux 56ème Rencontres de la Photographie, à Arles. Cette rétrospective rend hommage au photographe américain connu pour ses clichés engagés sur les luttes sociales.

Louis Stettner a relié la France et l’Amérique à travers ses photographies

Les photographies de Louis Stettner sont plus connues que son nom même. Pourtant, il est l’un des maîtres de la photographie du 20ème siècle. L’Américain a vécu une grande partie de sa vie en France, avant de mourir en 2016 à l’âge de 93 ans. Il a constamment fait le pont entre l’Amérique et l’Europe à travers son objectif. Depuis Brooklyn, où il est né, jusqu’à la France, où il s’est installé dans les années 50, du côté de Saint-Ouen.

La 56è édition du festival des Rencontres de la photographie d’Arles lui rend hommage à travers une exposition à l’Espace Van Gogh, du 7 juillet au 5 octobre 2025. Cette rétrospective, intitulée Le Monde de Louis Stettner, rassemble 150 images tirées par le photographe, dont plusieurs inédites.

Une profonde sensibilité sociale s’exprime à travers son engagement politique. Observateur attentif de la « condition urbaine », Louis Stettner a développé un style unique, mêlant la « street-photography » à l’américaine et « l’humanisme » à la française. L’exposition présente également ses diverses expérimentations artistiques dans le collage, la sculpture ou encore la peinture.

Des œuvres qui témoignent de l’implication de Louis Stettner dans les luttes sociales

Les visiteurs pourront admirer ses plus grands classiques réalisés dans les années 1950, comme la série Penn Station : une jeune fille en robe de soirée traversant la principale gare ferroviaire new-yorkaise, photographiée d’un point de vue « circulaire et ensoleillé ». Autre temps fort : la série Nancy, inspirée par une jeune beatnik américaine qu’il a suivie pendant plusieurs jours pour un magazine. Ses clichés datant des années 1970 témoignent de son implication dans les luttes sociales, comme Manifestation pour United Farm Workers (1975). On y voit des manifestants en marche pour soutenir les travailleurs agricoles unis à New York. Son engagement pour le féminisme et contre le racisme et la pauvreté lui a valu d’être surveillé par le FBI, mais aussi d’être reconnu pour ses images de travailleurs.

Photographie en noir et blanc de Louis Stettner, datant de 1975, intitulée Manifestation pour United Farm Workers . Elle montre des manifestants en marche pour soutenir les travailleurs agricoles unis à New York.
Manifestation pour United Farm Workers, New York © Louis Stettner Estate (1975)

De New-York aux Alpilles, un parcours guidé par « la soif de liberté »

Jusqu’aux années 2000, Louis Stettner poursuit ses explorations urbaines à New York et Paris, développant une vision de plus en plus fragmentée de ces métropoles.

L’exposition présente des documents originaux inédits éclairant sa vie et son œuvre, près de dix ans après sa disparition. Elle retrace son parcours jusqu’à sa dernière série, réalisée à 90 ans, sur les arbres des Alpilles.

Virginie Chardin, commissaire de l’exposition et lauréate de la bourse Jean-François Dubos des Rencontres d’Arles, voit dans ce travail ultime « le point d’orgue d’un parcours guidé par la soif de liberté, la résistance aux vents contraires et l’émerveillement d’être en vie ».

Par Sébastien Petit